Il existe parfois des conversations qui vous donnent le sourire pour les 2 jours à venir. Il en existe aussi qui vous permettent de vous rapprocher de votre interlocuteur, de partager des souvenirs, ou un bon fou rire... Et puis il y a les discussions familiales et pseudo-philospophiques... c'est avec cette arme destructrice que mon père m'a attaqué ce soir.
Les parents règlent leurs comptes à coups de clefs dans la figure. Gaelle au milieu compte les points. Gaelle au bout d'un moment ça lui pèse. Y a déjà plein de questions qui tournent comme ça dans sa petite tête, mais si en plus on vient lui cimenter le cerveau, les questions tirent et bougent dans tous les sens pour se délivrer...
Un père même quand ce n'est pas trop proche de sa fille, ça sent les mauvaises ondes. Alors le père il s'assied à table, il ne fait pas remarquer à la chair de sa chair qu'elle n'a rien mangé, il lui dit simplement que son avis pourrait peut-être aider. Alors ils se mettent à parler, de tout de rien... des peurs de l'avenir, des doutes de la vie, dans le vague... Une fille même quand c'est pudique sur ses dentiments ça peut parfois déverser en de grosses vagues le trop plein de son coeur. Alors elle déballe, la difficulté de vivre, les doutes, elle parle de ses fondements à elle de ses croyances. Elle évite soigneusement de dire tous les fantômes qui hantent ses nuits, elle parle des choses qui la touche de loin, de manière fugitive pour que personne d'autre qu'elle ne puisse apprivoiser le gros chat noir qui étouffe son coeur. Ele évite les fantômes parcequ'ils sont trop réels, trop présents, parceque ce sont eux qui la font exister même s'ils l'etouffent plus qu'ils ne la délivrent. Elle garde les fantômes tout au fond, bien cloitrés derrières de jolis barreaux lumineux pour qu'ils n'osent pas s'approcher, pour qu'il ne croit pas qu'elle est folle et qu'il n'ai pas l'idée de la réenvoyer d'où elle vient.
Elle parle, difficilement, elle se concentre, pour bien dire les mots, pour les former. Elle accepte de laisser s'échapper par les fissures de son coeur une petite parcelle de sa fragilité. Elle n'aime pas se montrer faible, parceque la faiblesse est un signe d'infériorité et que les faibles sont des punaises qui doivent être écrasées, du moins c'est ce qu'une petite voix venue d'ailleurs souffle dans sa tête. Parcequ'elle a peur, une énorme peur qui s'insinue dans ses veines, peur d'être pas assez bien, rejetée, abandonnée. Parcequ'elle a peur de tout perdre. Celà porte un nom elle souffre d'un syndrome d'abandonisme. Elle pense sans arrêt et sans pouvoir se contrôler que d'un instant à l'autre elle peut tout perdre. Elle lutte contre le brouillard qui envahit sa tête et qui trouble ses yeux, en vain...
Et puis le sujet se fait plus personnel. La gorge gtratte, les yeux piquent... Les mots se font encore plus lours, l'élocution est extremement laborieuse. C'est difficile pour une fille de parler d'amour avec son père. Le thème du soir, l'amour peut-il resister à des années de mariage, et que faire d'un amour qui s'etiole???
Echange de conception. Elle doute parcequ'elle voit s'effondrer tous les shémas qu'elle s'était forgés. L'amour n'est pas invincible, l'amour alors n'est qu'un leurre, qu'une banalité qui s'étaint comme une allumette en bout de course. Au bout de X années il suffit d'un petit souffle frais pour mettre le feu aux poudres, où au contraire éteindre la dernière braise. L'amour n'est qu'une illusion, qui permet au parents de faire tenir tranquilles les petites filles. L'amour est ephémère et vagabond.
Elle a 20 ans, elle est amochée par la vie de tout côté elle est couverte d'echymoses disparates. Elle espère pouvoir camper solidement ses pieds dans la vie quand s'ouvre à elle le beau le grand Amour. L'homme qui croise son chemin est beau, doux, drôle, il lui ferait décrocher la lune et pour lui elle voudrait réapprendre à sourire. Avec lui elle découvre le goût de vivre qui se mèle aux suaves épices des baisers échangés. De lui elle reçoit ce que la vie lui avait refusé, de la compréhension, de l'attention, de nombreuses notes de douceur, des caresses multiples. A ses côtés elle se prend à oser l'avenir, elle relve la tête, pour la première fois elle croit! L'amour pousse en ses veines un courant de force, elle se sent vivante et belle, elle aime... elle est aimée.
Les deux êtres s'enlacent en une etreinte indestructibles, ils sont forts et liés par l'infini. Ils se roucoulent des à jamais, pour la vie. On croise quelques tempètes, et des nuages noirs, mais le sourire qui nous est rendu à chaque regard est le plus lumineux des soleils. On avance, lentement, à son rythme,main dans la main.
Malheureusement dans son coeur Elle grandit et devient femme. Elle ouvre alors les yeux sur les nombreux naufrages qui parsèment sa route. Elle panique. Elle ne doute pas de lui, oh non, impossible il est son grand Amour. Chacun des gestes qu'il fait et des mots qu'il échappent son des preuves de ce qu'ils sont. Des preuves comme s'il en fallait, l'éclat de leur yeux, la douceur de leur regard, la tendresse de leur sourire pourrait balayer n'importe quelle tempête...
Oui mais voilà... Voilà les images fixes se mettent à danser devant les yeux de la jeune femme. Elle vacille. Pas dans ses sentiments mais dans sa conception du monde. La jeune fille parle à son père elle lui avoue, les trahisons, les peurs. Il explique le monde à sa façon derrières des lunettes aux verres roses et gris. Un monde impitoyable et sans demi mesure où les affrontements deviennet un poids de trop dans la balance. Il expose des " solutions " alors les mots s'égrènent à ses oreilles comme des petits débris de verres cassants. Séparation, disputes, coups, adultères, libertinage. A ses oreilles l'amour ne peut pas bien finir et quand on dit " je t'aimerai toujours" on ne ment pas qu'aux autres mais aussi à soi même. L'amour n'est heureux que tant qu'il est ephémère car quand il se meurt il est irratrapable.
Elle s'adonne sans compter aux larmes. Elle n'a plus peur de sa fragilité. Elle affiche son désarroi devant la mise à mort de ses dernières illusions d'enfant. Elle affiche sa peur de perdre l'amour de ceux qui lui ont donné la vie. Elle affiche son désarroi quand elle réalise que tout ce qu'elle va construire dans le courant des prochaines années sera detruit en moins de temps qu'il n'en faut à une fleur pour faner.
Elle realise que s'ils devaient se separer elle ne voudraient plus les voir. Elle se demande si elle aura assez de temps devant elle pour avoir un enfant à aimer. Un enfant qui serait le miroir de l'amour qu'ils se donneront, le mélange de ce qu'ils sont dan la plus pure des offrandes. Elle se demande si elle aussi, un jour elle devra se demander si il la juge, comment lui annoncer. Elle se demande si au final elle n'aura pas peur de perdre l'amour de sa propre chair. Elle se demande si toute la vie n'est pas qu'un eternel recommencement et si les doutes sont infinis.
Au final elle ne sait pas ce qu'est l'amour. Elle a peur et elle sent son coeur se serrer en même temps que sa gorge comme si on appuyait de toute ses force dessus. Au final elle n'est pas apaisée, elle n'en sait pas plus. Elle ne sait pas ce qu'est l'amour et elle ne le saura jamais car il est indefinissable. Au final elle sait juste qu'elle est loin d'etre normale quand la peur de perdre les autres lui coûte plus que sa propre vie.
Elle contemple la photo de l'homme qui partage sa vie, de SON homme. Elle lui parle tout doucement, elle le supplie silencieusement de ne jamais l'abandonner. Elle voudrait prier pour que jamais ils n'aient à se poser de questions mais elle ne croit plus en Dieu, elle ne croit qu'en elle, qu'en lui... Ils seront différents, ils auront leur propre histoire. Peut être l'amour ne les abandonnera pas sur le bord du chemin, peut être ne se déchireront-ils pas au fond... Et quand bien même... Ils peuvent se rendre heureux avant.
L'amour... L'amour c'est quoi au fond???